Accueil
 
NOTRE ASSOCIATION
 
CONGRES SMF 2014
 
Programmes annuels SMC
 
nos activités annuelles
 
Paysages forestiers
 
Marais tufeux
 
FLEURS RARES
 
CHAMPIGNONS
 
Agarics
 
Amanites
 
Bolets
 
Cortinaires
 
Inocybes
 
Russules
 
Lactaires
 
Lépiotes
 
Tricholomes
 
Polypores
 
Morilles
 
Chanterelles
 
Clavaires
 
Divers
 
MYXOMYCETES
 
Pézizes
 
Test
 
 
Généralités  

 

CHAMPIGNONS

Textes et tableaux de Marie-Geneviève Poillotte.

1)               Le monde des champignons.

 

Le règne fongique

Autrefois on classait tous les êtres vivants en deux grands règnes : animal et végétal. Les champignons figuraient parmi les végétaux.

Aujourd’hui on distingue au moins cinq règnes et les champignons constituent l’un des trois plus grands règnes du monde macroscopique : le règne fongique.

 

 

 

Pourquoi cette « promotion » ?

Les champignons sont dépourvus de chlorophylle. Ils ne peuvent donc pas, comme les végétaux, fabriquer leurs matières organiques carbonées à partir de la lumière et du dioxyde de carbone de l’air. Ils devront aller les puiser dans les substances fabriquées par d’autres êtres vivants. Ils sont donc hétérotrophes alors que la plupart des plantes sont autotrophes.

 

 

 

 

 

 

Ils possèdent également des caractères propres qui les différencient des deux autres grands règnes. Citons quelques exemples :

·        Ils synthétisent des sucres spéciaux comme le mannitol…

·        Leur cycle végétatif est extrêmement complexe ;

·        Leur reproduction est encore plus originale, avec apparemment "absence d’individus sexués " et une reproduction asexuée souvent très présente et même exclusive pour certaines espèces.

 

 

Quand et comment sont apparus les premiers champignons ?

Etant des organismes extrêmement fragiles, leur fossilisation est pratiquement impossible. On a pu retrouver quelques unes de leurs traces dans des résines fossiles datant de plusieurs millions d’années, comme c’est le cas pour certaines plantes ou certains insectes. 

Sans doute sont-ils apparus, comme la plupart des organismes vivants, en milieu aquatique.

Faisons confiance à la biologie moléculaire pour nous construire de magnifiques arbres philogénétiques nous expliquant tout sur l’origine et la parenté des champignons. Il ne nous faudra qu’un peu de patience.

Qu’est-ce qu’un champignon ?

Son  appareil végétatif ne présente ni tiges, ni feuilles, ni racines : c’est un thalle. Si nous excluons les appareils végétatifs unicellulaires (ex. les levures), le thalle est constitué de longues cellules microscopiques ou hyphes, placées bout à bout formant ainsi de fins filaments  enchevêtrés, le tout prenant l’aspect d’une toile d’araignée. Il prend alors le nom de mycelium.

Souvent invisible, le mycelium peut parfois être décelable à l’œil nu, comme chez Armillaria mellea : il suffit de soulever l’écorce d’arbres morts pour y voir, collés sur le bois, les longs filaments brun-noir enchevêtrés du mycelium de l’armillaire.

Lorsque le mycelium est bien développé et si toutes les conditions sont favorables, les appareils reproducteurs vont apparaître. Ce ne sont pas des fruits (au sens botanique) mais des sporophores, sortes de « sacs » contenant les spores ou cellules reproductrices. Il existe une multitude de formes et de tailles de sporophores qui font le bonheur du mycologue et des nombreux amateurs de champignons ; ce sont eux en effet  que nous récoltons et dégustons sous le nom de champignons.

Le cycle de vie du champignon.

En résumé, si toutes les conditions sont favorables :

·        Un mycelium bien développé produit des sporophores contenant des spores.

·        Ces spores sont disséminées, tombent sur un support et germent en hyphes formant un mycelium primaire.

·        Ce mycelium primaire doit rencontrer un autre mycelium primaire de polarité (= sexe) différente et complémentaire, pour fusionner et donner un mycelium secondaire.

·        Sur ce mycelium secondaire apparaîtront des primordiums qui deviendront des sporophores contenant des spores etc…

Il existe d’autres modalités de reproduction sexuée et de nombreux cas de reproduction asexuée chez les champignons.

 

 

Y a-t-il des espèces de champignons annuelles, des espèces bisannuelles, des espèces vivant plusieurs dizaines ou plusieurs centaines d’années et des espèces vivaces comme chez les végétaux?

 Les ronds de sorcières, observés dans les prés et surtout au printemps dans les friches (voir photo jointe), sembleraient prouver que le mycelium est capable de persister de nombreuses années. En partant d’un point central, le mycelium va se développer d’une manière centrifuge, agrandissant chaque année le rayon du cercle. Sur le pourtour les sécrétions riches en azote du jeune mycelium teintent l’herbe en vert plus foncé, ce qui donne un beau cercle vert. Au centre le sol s’appauvrit et l’herbe est plus rachitique.

 

 

Mode de nutrition et rôle des champignons

Pour trouver dans leur environnement les indispensables matières organiques, les champignons ont utilisés l’une des trois méthodes que la nature mettait à leur disposition : le saprophytisme, le parasitisme ou la symbiose.

·        Les champignons saprophytes décomposent la matière organique morte ou inerte (bois morts, cadavres, litière de feuilles, excréments). Ils sont alors des décomposeurs et des nettoyeurs, fabriquant de grandes quantités d’humus qui seront utilisées par les plantes. Sans eux la planète serait enveloppée d’une couche imposante de déchets végétaux et animaux. Seuls champignons et bactéries sont capables de pratiquement tout décomposer y  compris cellulose et lignine participant ainsi au recylage des déchets.

 

·        Les champignons parasites vont chercher de la matière organique vivante qu’ils prélèvent dans un hôte : plante, animal, homme ou même autre champignon. Ils se nourrissent donc au dépend de l’être vivant qu’ils affaiblissent et même tuent. Ils "consomment" ensuite de matière morte comme un saprophyte. L’approche et la pénétration du champignon parasite dans l’hôte choisi oblige l’attaquant à inventer d’ingénieux comportements ,car l’organisme vivant agressé va se défendre. D’ailleurs souvent les parasites choisissent des « proies » déjà affaiblies ou malades ; c’est le cas par exemple des armillaires et des polypores. Mais pour certains champignons, en général de très petites tailles, les solutions adoptées sont parfois très complexes : citons un seul exemple, la Rouille des céréales  dont le cycle comporte cinq « vies » pour arriver à ses fins. 

Ces parasites ont malgré tout un rôle important : ils débarrassent les forêts des individus malades et participent à l’équilibre des forêts en évitant le surpeuplement.

 

·        Les associations à bénéfices réciproques, avec les lichens et les mycorhyzes :

Un organisme autotrophe (algue ou autre plante) s’associe à un organisme hétérotrophe (champignon). Le premier synthétise les matières carbonées et les partage avec le champignon. Le deuxième assure à la plante un meilleur pompage de l’eau et des ressources nutritives dans le sol (le mycelium est souvent plus étendu et plus profond que les racines), une meilleure adaptation aux différents types de sols, souvent une meilleure croissance et il aide le végétal à lutter contre certains parasites.

 

Ce processus est complet chez les lichens car les deux individus fusionnent pour former un autre organisme parfaitement autonome dans lequel le champignon protège l’algue contre les agressions du milieu extérieur et  l’algue fabrique et partage la nourriture.

Les lichens font maintenant partie du règne fongique et sont étudiés par les mycologues.

 

Les mycorhyzes sont de deux types : les Ectomycorhyzes et les Endomycorhyzes.

 

Dans le cas des ectomycorhyzes, le champignon forme un manchon de mycelium qui enveloppe les petites racines de la plante. Environ 80% de nos champignons supérieurs sont ectomycorhyziques. Presque tous les arbres de nos forêts portent des mycorhyzes d’une ou de plusieurs espèces de champignons. Une espèce peut mycorhyzer plusieurs essences d’arbres.

Dans le cas des Endomycorhyzes  le mycelium pénètre à l’intérieur des cellules de la racine de la plante. Les végétaux concernés sont au moins aussi nombreux que les ectomycorhyzés : ce sont les herbacées, les orchidées, les bruyères, les myrtilles ainsi que quelques arbres.

 

 

 

              

 

 

Importance des champignons

 

Nous avons déjà signalé le rôle important des champignons dans la nature. Rappelons qu’ils sont des décomposeurs, des nettoyeurs, des recycleurs de matière animale ou végétale et qu’ils interviennent dans l’équilibre des peuplements forestiers.

 

En « amis » des champignons passons rapidement sur leur rôle néfaste :

·        Saprophytes qui s’attaquent et détruisent toutes sortes de matériaux, comme les charpentes, récoltes de fruits ou de céréales …etc.

·        Parasites des végétaux, des animaux et de l’Homme provoquant des maladies, parfois redoutables, contre lesquelles la Science et la Médecine lutteront en utilisant peut-être ... d’autres champignons.

 

Attardons nous maintenant sur les immenses services qu’ils rendent aux humains qui savent les apprécier et les utiliser.

·        Commençons par le « mycophage » ou plutôt le « gourmet » qui va récolter ses morilles,  ses tricholomes de la Saint-Georges, puis ses girolles et enfin ses cèpes et ses trompettes de la mort qu’il va ensuite cuisiner avec amour ou mettre en conserve. Qui ne se laissera pas tenter par un délicieux poulet aux morilles préparé avec un beau poulet de Bresse, un vin jaune du Jura et un pot de crème d’Isigny ? Mais, attention ! Ne récoltez pas n’importe quel champignon, n’importe où, n’importe comment. (Se reporter au chapitre " Attention danger!").

·        Rappelons l’importance des Moisissures, des Levures dans l’industrie agro-alimentaire : fabrication des fromages, de la bière, du vin, du pain et de beaucoup de pâtisseries …etc.

·        En médecine les champignons ont fait et font encore des miracles. Tout le monde connaît l’histoire de la découverte des antibiotiques par Flemming à partir de cultures de Pénicillium. Depuis, les laboratoires utilisent de plus en plus les champignons et surtout les molécules qu’ils synthétisent comme principes actifs de nombreux médicaments.

Au-delà de tous ces apports, citons quelques exemples des nouvelles applications dans la chirurgie, la médecine et l’industrie que nous fait découvrir Jean Béguinot dans son livre passionnant : « Une balade philosophico-naturaliste dans l’intimité de la vie des champignons » (2008) :

§  Plusieurs espèces de champignons microscopiques sont capables de fabriquer une molécule antirejet, la cyclosporine, utilisée dans le cas de greffe d’organe en chirurgie.

§  Un petit polypore que nous rencontrons sur les troncs morts ou les souches de Hêtre, Bjerkandera adusta, est utilisé, entre autres, dans le recyclage des CD, Le traitement dépolluant des colorants industriels, des pesticides hautement toxiques, des dioxines, des métaux lourds…

§  Plusieurs polypores très connus, même du mycologue amateur, interviennent dans le blanchiment non polluant des pâtes à papier, citons : Tramètes versicolor, Schizophyllum commune, Phellinus ignarius, Hypoxylon fragiforme, Daedaleopsis confragosa var. tricolor

                        Après ce bref aperçu de l’implication des champignons dans de nombreux domaines, nous ne pouvons que constater que la présence des champignons est vitale pour toute la biosphère. 

 

                         

Ec    Ecologie des champignons de notre région :

Rappelons déjà que pour la mycologie, l’écologie est l’étude des relations des champignons avec le milieu où ils poussent.

Les grandes régions naturelles du Nord du département sont :

·        Le Plateau du Châtillonnais ou Duesmois (altitude 300 à 450m), vaste plateau calcaire sec et portant surtout des cultures et quelques massifs forestiers.

·         La Montagne châtillonnaise plus élevée (350 à 598m), également une zone de plateaux calcaires avec une couverture boisée très importante et quelques étendues cultivées.

·        La Vallée châtillonnaise (environ 300m), étroite vallée entre les plateaux châtillonnais et le premier rebord du Bassin parisien. Elle est surtout constituée de marnes et de calcaires argileux ; c’est une région de cultures et de prairies.

·        Très au Nord, les Plateaux de Basse-Bourgogne (300 à 400m) avec la première cuesta aux pentes marneuses sur lesquelles on a vu réapparaître la culture de la vigne. Ce sont aussi ces pentes  qui font la joie au printemps et en été du botaniste amateur d’orchidées.

Le climat de toute cette région peut être qualifié de semi-continental avec des influences atlantiques dans le Nord-ouest et des influences méridionales dans la bordure sud de la montagne châtillonnaise. Sur les hauts reliefs de la Montagne les hivers sont nettement froids, les étés pas trop chauds, les printemps tardifs et frais. Les précipitations sont souvent importantes à la fin de l’automne et en hiver, mais ce sont surtout les pluies orageuses de juin à août, très attendues des mycologues, qui conditionneront la saison mycologique. En résumé les influences continentales et submontagnardes prédominent. 

En conséquence, il existe une certaine diversité de  milieux dans notre région et chacun d’eux possèdent son cortège de champignons.

Le  Parc National Forestier entre Champagne et Bourgogne va constituer une part non négligeable de notre cadre de vie future, aussi allons nous commencer par les milieux forestiers.

·        Les forêts de feuillus : la chênaie-hêtraie occupe la partie sud de la Montagne, puis le Hêtre domine sur tout le reste du massif donnant de magnifiques hêtraies-chênaies à laîche blanche. C’est sous leurs frondaisons que mycologues et botanistes feront, si la chance leur sourit, leurs plus belles découvertes : cortinaires et bolets très rares, Sabot de Vénus… Charmes et bouleaux sont présents mais en minorité.

·        Les forêts de conifères : sur les rebords de la cuesta, ainsi que sur certaines parcelles du Plateau et de la Montagne, le Pin sylvestre est assez bien représenté avec ses espèces mycologiques propres : Nonette voilée, Lactaire délicieux… Signalons également quelques beaux carrés d’Epicéas. Plus rares et moins fréquentées, sont les plantations de Mélèzes (l’amateur n’y trouvera que des espèces non comestibles)

. Les milieux non forestiers  (divers types de prairies, pelouses et gazons, champs et jardins, bords de routes ou de chemins, parkings, lieux humides, places à feu,  supports très divers …) sont beaucoup moins riches que les forêts. En général ils ne sont pas les lieux de prospection favoris des amateurs de champignons ; par contre les mycologues passionnés y trouveront des « trésors » auxquels ils pourront consacrer de longues heures d’observations et d’études.

Signalons également les principaux facteurs externes qui, en modifiant les milieux, les rendent plus ou moins favorables au développement des champignons : la température, l’humidité, la sécheresse, les saisons, dans notre région le vent d’est froid et sec, l’Homme…

 

Références bibliographiques:

Régis COURTECUISSE et Bernard DUHEM  - LES CHAMPIGNONS DE FRANCE - (1994)  Delachaux et Niestlé

Jean BEGUINOT - UNE BALLADE PHILOSOPHICO-NATURALISTE DANS L'INTIMITE DE LA VIE DES CHAMPIGNONS  - (2008).

François BUGNON - NOUVELLE FLORE DE BOURGOGNE - Tome 3 (1998).

 

 

 

 

      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© 2023